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ALOÏS MARIGNANE EXPOSE

Du 18 janvier au 18 février, Aloïs Marignane expose « ALGER », série de 60 gouaches solaires et vibrantes

Inspirées d'archives photographiques, chaque peinture se dévoile comme un cadrage cinématographique de la ville blanche des années 50. Du sommet de la ville, en passant par la Casbah ou le port, tout est finement dessiné : l'architecture, les scènes de vie, de rue, le labeur, l'esthétique, le soleil de plomb et la fraîcheur de l'ombre.

Cette exposition est un parcours documentaire illustré sensible et captivant; on plonge dans un morceau d'histoire à travers l’œil et le tracé précis de l'artiste.


"Alger
Les premières images de cette ville, je les dois à mon "grand-oncle d’Algérie”. J’avais 7 ou 8 ans, nous étions en Provence en famille, et il était venu chez nous pour quelques jours. Parti pour l’Algérie en 1961, il avait voulu partager le quotidien des habitants de la cité Mahieddine, quartier populaire dans le centre d’Alger. Il avait été maçon et coffreur dans un chantier, avant d'apprendre le métier d’infirmier dans le service réanimation de l’hôpital Mustapha, où il passa la plus grande partie de sa vie. Peintre à ses heures perdues, il nous faisait découvrir les rues étroites et lumineuses de la Casbah à travers les tableaux qu’il sortait de son sac.Plus tard, cette ville où je n’étais encore jamais allé est devenue le cadre de récits et de souvenirs qu’on me partageait, au gré des rencontres. Dans les histoires du père pied noir de mon ami Steve, qui vivait dans les quartiers nord de Marseille. Ou dans celles de Saber, un ami algérien venu de la wilaya de Tizi Ouzou, que j’ai rencontré derrière le comptoir d’un café associatif à Paris. Mais aussi dans un tout petit village de la Somme, quand j’ai appris à connaître mon voisin Jean-Pierre qui, adossé à sa barrière,m’a confié à demi-mot et avec beaucoup d’émotion ses vingt-ans en tant qu’appelé dans les Aurès.Ces récits, ces rencontres, ont dessiné un point de fuite dont j’ai voulu partir pour un voyage dans le temps à la rencontre de ces images d’Alger déposées au coeur de tant de nos contemporains, par leur histoire familiale, leurs amitiés, leurs rencontres, leurs souvenirs, leurs désirs… La peinture a cela de particulier qu’elle donne à voir une image sans entrer dans l’intimité des spectateurs. Elle laisse à chacun la liberté de la recevoir et de faire le pas suivant. Je remercie Kendy, qui un de ces matins dédiés à la peinture, découvrant au hasard d’internet mon dessin de la Grande Poste, s’est laissé touché et m’a invité à l’accompagner à Alger quelques jours plus tard. Sans nous connaître encore et bravant toutes les difficultés administratives, nous nous retrouvions en mai 2022 au sommet de la ville blanche, comme arrivé chacun par une face de la colline ! Aujourd’hui, au-delà des mots, si cette exposition permet à une personne d’entrouvrir un voile, d’y trouver un souvenir, d’y poser une parole, le pari sera réussi ! Et si une autre personne peut y voir une fenêtre ouverte sur un passé dont elle ignore tout mais qui nous permet de construire un présent partagé, alors le pari sera réussi."