« Ça a été durant ces dernières années ma manière de « voyager » que de soustraire certaines montagnes de ces paysages pour n’en laisser qu’une seule, dégager l’horizon et passer du lac à la mer. »
Thibault Marcilly
Thibault Marcilly nous invite à prendre « le large » à travers sa trentaine d’illustrations à l’aquarelle. Dessiner lui donne la sensation de se soustraire à la réalité, de s’évader loin, de s’imaginer dans d’autres lieux que celui où il est présent. C’est là que réside toute la magie et la force de l’illustration, c’est de réinventer le réel, de l’idéaliser. C’est s’échapper en songes grâce à cette main qui peint, qui modèle de nouvelles formes, de nouveaux paysages.
Thibault s’inspire des paysages qu’il a quotidiennement sous les yeux : le lac d’Annecy et les montagnes qui le bordent. Pour l’artiste dessiner c’est « la possibilité de voir d’autres lieux du monde que celui face auquel on se trouve ». Depuis une dizaine d'années, Thibault tient aussi un carnet de croquis, mémoire de paysages esquissés sur le vif. « J’ai appris à dessiner le paysage à l’encre, au trait, et à abstraire les formes principales qui structurent le paysage. Souvent le temps était très limité lorsque je dessinais en extérieur, il fallait aller à l’essentiel, ne retenir que les objets structurant, ça m’a beaucoup influencé dans ma manière de composer mes dessins. » Mais pour cette exposition, l'encre de son carnet a laissé la place à une palette de couleurs flamboyantes. À chaque heure sa couleur, à chaque saison sa tonalité, des ciels incandescents, des eaux limpides d’un bleu profond… Ce sont maintenant les teintes qui structurent le dessin et donnent vie aux paysages. Ainsi, Thibault retranscrit avec une infinie délicatesse la poésie des lieux, réels ou imaginés.
De son métier d’architecte, Thibault Marcilly garde une précision du tracé et des perspectives d’une grande justesse. « J’ai pris l’habitude, durant mes études d’architecture, d’utiliser la vue axonométrique et des vues frontales pour représenter mes projets. Soit on se situe en surplomb pour donner plus d’importance au paysage et rendre compte de l’immensité qui nous entoure, soit on le représente de manière frontale, en étant au même niveau que le sujet, comme une manière de montrer les choses en toute objectivité, comme dans un Wes Anderson. » Son travail de composition apporte une profondeur de champ qui nous invite à plonger sans retenue dans ses paysages immenses et énigmatiques.
L’artiste nous propose alors un voyage à travers la quiétude et le charme de ces lieux réinventés.